dimanche 11 décembre 2011

De retour sous les projecteurs

Oui, de retour car il y a bien longtemps que je n'ai pas fait mon devoir de cinéphile, ma foi — les écoutes étant rares ces temps-ci. Beaucoup de travail et d'insomnie plus tard, voici donc trois critiques de trois films fort différents, chacun trimballant un thème puissant qui laisse tout sauf indifférent — plutôt émue, pantoise et... lassée.

Monsieur Lazhar (Philippe Falardeau, 2011)

Ce n'est plus un secret pour personne, Monsieur Lazhar est un grand film. Un grand. De ceux qui vous transportent par leur scénario sans accroc, de ceux qui vous font rire et sourire et pleurer parce qu'ils ne sont que délicatesse. Cette histoire d'un professeur algérien qui remplace à pied levé une enseignante dans une école primaire de Montréal est d'un réalisme tel qu'on se prend à imaginer ce qu'aurait été notre propre enfance si une telle personne avait croisé notre route. Des dictées de Balzac, des discussions sur Alger et de beaux silences partagés, autant de petits détails qui charment et tissent la trame d'un long-métrage émouvant. Et que dire de l'interprétation des deux principaux jeunes, Alice et Simon? Ils sont parfaits. Sans fausse note. Vrais. Tout comme leur classe, les autres professeurs, les scènes de corridors et les batailles d'élèves. Avec Monsieur Lazhar (adapté de la pièce de théâtre d'Évelyne de la Chenelière), Philippe Falardeau réussit à nous parler de la mort, de l'immigration, de l'enfance, de l'éducation sans tomber dans les pièges faciles du genre, qu'on s'émerveille d'ailleurs de ne pas voir à l'écran. De quoi sortir du cinéma on ne peut plus ravi — et la larme à l'oeil.

The Illusionnist (Neil Burger, 2006)

Ce qu'on ne ferait pas pour l'amour. C'est ce qu'on se demande après avoir vu cet impressionnant long-métrage américain, basé sur l'amour d'un illusionniste pour une femme issue de l'aristocratie et en théorie inaccessible. Mais détrompez-vous, là n'est pas le principal attrait du film: car la grande qualité — ou le grand défaut, me direz-vous — de The Illusionnist est qu'il oscille sans arrêt entre réalité et imaginaire, usant d'une image magnifique, d'un solide scénario et d'une bonne reconstitution historique dans le Vienne du début du siècle. Le controversé illusionniste Eisenheim (Edward Norton, que Fight Club a rendu célèbre) donne des spectacles où se rendent les curieux et nigauds de la ville; mais ses techniques sèment le doute, effraient surtout. De quoi le rendre indésirable... À ses côtés on retrouve l'excellent Paul Giamatti en inspecteur (mon coup de coeur) de même que la douce Jessica Biel, qui transcendent ici le cliché que l'on prête souvent au cinéma hollywoodien. Les coups de théâtre nous tombent sur la tête sans qu'on les voie venir et les énigmes présentées par l'illusionniste sont si bien bâties qu'on se laisse prendre au jeu. Je ne suis pas friande des films dits d'amour, mais quand ils sont traités avec autant de mystère et d'imagination, laissant une place minime aux grandes démonstrations d'affection, je suis tout à fait preneuse. À voir: la fin laisse pantois.

The Tree (Bertuccelli, 2010)

Ils sont rares, mais ils existent: les films que je n'aime pas et qui m'ennuient au point de les arrêter en plein milieu. The Tree en fait malheureusement partie. Pourtant, ce n'est pas faute de bonne idée, puisque cette histoire d'une famille frappée par le deuil et dont l'arbre voisin de la maison symbolise le père parti trop vite aurait pu être puissante. Surtout que le jeu des enfants, plus crédible que celui de l'indifférente Charlotte Gainsbourg, donne une belle portée à leurs dialogues de grands. Mais le paysage australien se fait discret, la symbolique prend des proportions absurdes et le tout tourne en rond. Devient ridicule, même. Pour tout vous dire, j'avais le fou rire dans les scènes supposément dramatiques. Certaines critiques lui prêtent une «variation émouvante» sur le thème du deuil, mais à mon humble avis, quelque chose manque à The Tree pour en faire un tel éloge. Une étincelle, quoi.

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