jeudi 21 juin 2012

Les cousines tricotent: Mary and Max

Mary and Max de Adam Elliot (2009)

Cousine et Geneviève se sont réunies dernièrement pour un bon repas et un bon film. Notre choix s'est arrêté sur Mary and Max, dont l'affiche avait attiré l'attention de Cousine. Voici donc notre «tricotage» cinématographique:

Cousine: En effet, la vue de cette affiche plutôt originale m'a intriguée. J'ai regardé la bande-annonce et il ne m'en a pas fallu plus pour me donner envie de le regarder. Geste que je n'ai pas regretté!! En fait, j'ai tellement aimé ce film qu'il s'agit du meilleur que j'ai vu cette année. Il s'agit d'un long métrage doux-amer, mi-drame, mi-comédie, qui révèle d'une façon des plus créatives l'histoire vraie, mais pas banale, de deux écorchés qui vivent dans des régions opposées du globe. Malgré la distance et la différence d'âge, ils développeront une amitié qui s’échelonnera sur des décennies. Il s'agit d'un bijou de petit film qui vous fera passer un moment fort en émotions. Un moment de pure merveille. (Prévoyez une boîte de mouchoirs pour la finale.)

Geneviève: Entièrement animé de personnages en pâte à modeler plus que convaincants, Mary and Max aborde un sujet tabou et méconnu — le syndrome d'Asperger — par le biais de deux personnages qui entretiennent une correspondance, malgré les hauts et les bas de leurs vies, durant des dizaines d'années. Toujours drôle sans en faire trop, avec un regard original sur les choses et les gens, le film est surtout un hommage inégalé à l'amitié — la vraie, la pure. Narré par une voix off à la Amélie Poulain, raconté par les lettres des deux amis tellement émouvants, Mary and Max est un petit chef-d'oeuvre dans son genre. Quand la fin arrive, on se demande où est passé le temps. Et on pleure.

Life In A Day: la vie tout court

C'est un documentaire qui m'a fait pleurer, rire aux éclats, qui m'a questionnée et calmée. Qui m'a donné l'impression d'être humaine, d'être connectée à la terre et que la vie, oui, est un petit miracle.

Le 24 juillet 2010, des milliers de personnes ont filmé leur vie simple, de leurs ablutions matinales jusqu'au coucher du soleil, et ont publié leur parcelle de vie sur YouTube. De ces images multiples —80 000 soumissions, 4500 heures de tournage dans 192 pays! — est né Life In A Day, un documentaire d'une heure et demie réalisé par Kevin Macdonald à partir de ce «jour dans la vie». Le but: laisser aux générations futures la mémoire de ce qu'était une journée dans la vie humaine, en ce 24 juillet 2010.

Life In A Day est un bijou. On y rencontre des personnes anonymes tout à fait extraordinaires, des enfants qui sourient, des femmes qui prient, des hommes qui fument, dans tous les pays du monde et dans toutes les langues du monde. On y voit, dans de très belles images pour la plupart tournées à l'épaule avec une petite caméra de poche, ce qu'il y a de choquant, d'émouvant ou d'universel dans nos vies éparpillées.

Ceux qui se livrent à la caméra et dont le visage appartient désormais à l'histoire sont le reflet d'une vaste humanité qu'on n'avait jamais pu voir aussi largement dans notre petit coin du monde. L'Autre n'est plus un inconnu, il a désormais un visage et, comme nous, des bonheurs et des blessures. C'est fou, mais même si on y pense parfois, on en a rarement les images.

On peut visionner le film et de nombreuses autres vidéos ayant servi au montage sur le site officiel. Vous pouvez aussi le regarder ici même, via Youtube. Bon voyage.

dimanche 3 juin 2012

Poupoupidou sur les nuages

Suivant le conseil d'un collègue et pour combler mes heures en avion jusqu'à Istanbul, je me suis plongée dans le délicat Poupoupidou, long-métrage sorti l'an dernier et réalisé par le discret Gérald Hustache-Mathieu. Disons-le tout de suite, rarement ai-je été si promptement charmée par un film noir. L'ambiance mi-polar mi-cabaret, le casting solide et le thème intriguant «à la Marilyn», le tout mis en scène dans un bled perdu, sont fascinants.

En plein hiver français, dans le village de Mouthe qu'on dit le plus froid du pays, un suicide. Et pas n'importe lequel: celui de Candice Lecoeur, star locale ayant tous les traits de la légendaire Marilyn Monroe — dont elle se voulait d'ailleurs la réincarnation.  Retrouvée dans la neige derrière le village, elle attise la plume de l'écrivain Rousseau, auteur célèbre de romans noirs, alors en panne d'inspiration. Inutile de dire qu'il se rue à Mouthe pour enquêter sur l'affaire, pour côtoyer Candice par le biais de ses journaux intimes jusqu'à croire l'avoir connue.

Mélange d'art, d'enquête et de littérature, truffé de références à la célèbre actrice et de retours dans le temps, Poupoupidou empoigne. Candice se fait la narratrice du film, la voix qui nous guide de ses débuts jusqu'à sa mort étrange. L'icône de la belle blonde aux grands démons colle à la peau de Rousseau qui, comme dans tous les polars, découvre qu'un suicide cache toujours une mort plus compliquée. Une plongée en mode mystère à regarder les genoux serrés, dans le noir et le silence pour profiter de la superbe photographie. Et avec une grande couverture pour oublier le froid.