vendredi 13 juillet 2012

Polytechnique: ouvrir les yeux

C'est en décembre 1989, par un jour d'hiver enneigé aussi froid que les autres. Dans les corridors de l'École polytechnique de Montréal, de brillantes jeunes filles échangent leurs notes de cours et discutent d'avenir dans le brouhaha des photocopieuses. L'atmosphère est engagée, les examens approchent.

Au même moment, dans son appartement morne aux murs blancs, Marc Lépine range un fusil dans un sac de poubelle. Il vient d'écrire une lettre expliquant — si cela peut s'expliquer — le geste monstrueux qu'il s'apprête à commettre. Un massacre ouvertement misogyne, qui couronne des années de haine envers celles qui osent se prétendre les égales des hommes — les féministes, comme il les appelle.

Drame biographique réalisé par Denis Villeneuve (Incendies) et tourné en noir et blanc, Polytechnique est plus qu'un compte à rebours jusqu'à la tuerie qui a marqué le Québec il y a 22 ans. C'est un hommage au courage de ces 14 femmes anéanties, un regard quasi documentaire sur le mécanisme du massacre. Presque aucune musique sinon un piano chancelant et deux voix off qui racontent chacune leur point de vue.

Karine Vanasse, c'est simple, y est tout simplement vraie. En femme forte qui lutte jusqu'au bout, elle porte une bonne partie de Polytechnique et y joue son meilleur rôle à mon avis, de ceux qui suivent pendant longtemps une comédienne. Sébastien Huberdeau est émouvant dans le rôle de l'ami marqué, tandis que Maxim Gaudette, dans la difficile peau du tueur, est aussi dur et illuminé qu'a pu l'être jadis son homonyme de chair et d'os.

Même si certains moments sont durs, n'hésitez pas à vous lancer dans ce long-métrage réalisé avec doigté, presque délicat si ce n'était des horribles coups de feu qui font réaliser à quel point la vie ne tient qu'à un fil.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire