lundi 10 septembre 2012

Un été ciné bien maigre

La belle saison a été maigre en matière de cinéma. Les soirées autour d'un verre avec les copains se terminant rarement devant l'écran — et le coup de foudre séries télé ayant opéré chez moi aussi —, j'ai volé quelques heures à mes semaines occupées pour découvrir quelques oeuvres.

To Rome with Love (2012)

Quelle déception! On attend toujours les films de Woody Allen comme le dernier sacrement, mais cette fois ne nous leurrons pas: il a raté son coup. Du moins ne tombe-t-on pas sous le charme de la Ville éternelle comme auparavant avec Paris (Midnight in Paris) ou Londres (Match Point), qui rayonnaient dans les oeuvres créatives et bien ficelées du maître hollywoodien. Éparpillé et superficiel, surtout exagérément long, To Rome with Love apparaît comme un film sans âme, qui accumule les clichés et se veut drôle sans l'être, engonçant de surcroît dans des rôles assommants des acteurs appréciables, dont Penélope Cruz et Roberto Benigni (comme ressorti des boules à mites, lui qui avait pris l'ombre depuis l'inoubliable La Vie est belle). Encore une fois, on assiste à un imbroglio amoureux de type «choral» où chacun y va de ses leçons de vie, le tout sur fond d'humour rocambolesque (le chanteur italien sous la douche en témoigne). Cela étant dit, Jesse Eisenberg (The Social Network) et Ellen Page (Juno, Inception) livrent de solides performances, et Woody Allen nous fait franchement rire en retraité verbomoteur semi parano. Mais bon, au final, on ressort de To Rome with Love avec le sentiment agaçant d'avoir été mené en bateau — car on sait bien, voyons, que Woody est capable de mieux.

The Help (2011)

Comme l'adaptation de livres est en vogue au grand écran, en voilà un autre ayant fait des vagues l'an dernier. Planté dans le Mississippi des années 60, en plein coeur des rivalités historiques entre les riches familles blanches et leurs domestiques noires, The Help s'intéresse au parcours d'une jeune fille blanche bouillonnante, Skeeter, laquelle s'est mis dans la tête de devenir écrivaine. Son livre? Une série d'entrevues — illégales, cela s'entend — avec des domestiques noires sur leur travail quotidien et sur ce qu'elles pensent de leurs employeurs. Pour l'époque, cette démarche est carrément de l'anarchie. Pas étonnant, donc, que le film soit aussi prenant, qu'il nous émeuve et nous fasse rire autant: le sujet s'y prête à merveille. L'amitié entre Skeeter et le groupe de domestiques tricoté serré est d'ailleurs émouvante — et on ne peut que constater la puissance de toutes ces femmes noires, brillamment rendues notamment par la prestation de Viola Davis en Aibileen et d'Octavia Spencer en Minnie, qui lui a valu un Oscar cette année. Un bon film à la distribution solide, très américain dans son traitement mais qui transporte à souhait.

Terri (2011)

De prime abord, le thème est banal: un jeune garçon obèse subit les railleries de ses comparses d'école et, comme il s'absente de classe et s'habille de pyjamas, finit par devoir s'expliquer avec le directeur. Si, en effet, il ne réinvente pas la roue côté scénario, Terri a néanmoins un petit je-ne-sais-quoi d'attachant — ne serait-ce qu'en raison de son personnage titre, assumé par l'étonnant Jacob Wysocki, ou parce que le directeur d'école est un être si extravagant qu'il détonne agréablement dans ce film lent, tout en portraits et en plans fixes. Terri montre d'ailleurs plus qu'il analyse, et se veut visiblement un témoignage lucide de réalités que l'on oublie parfois — maladie mentale, intimidation, mort — et qui permet de plonger à nouveau dans la période troublée de l'adolescence.

Les petits mouchoirs (2010)

Troisième long-métrage réalisé par le comédien français Guillaume Canet, Les petits mouchoirs rassemble toute la brochette des grands noms de l'Hexagone: Marion Cotillard, Jean Dujardin, François Cluzet... Ces presque trois heures de chassés-croisés enflammés au sein d'un groupe d'amis écorchés — qui partent en vacances au bord de la mer alors qu'un des leurs est dans le coma à l'hôpital — ont le même ton racoleur et criard que bien des films français. Accueilli dans le chalet de campagne de Max (François Cluzet), le groupe de trentenaires vacille en effet de reproches en embrassades, la proximité et les circonstances dramatiques encourageant à une franchise nouvelle. Aveux, confidences, sorties de placard... Les coups de théâtre ne manquent pas. Même si on se sent vraiment en vacances, le résultat reste un peu prévisible et on se demande franchement ce qui a mis autant de temps à se dénouer.

Blue Valentine (2010)

Jamais je ne me suis sentie aussi profondément mal en regardant un film. Jamais. Et pourtant c'est loin d'être un bémol, car rares sont les films qui atteignent une telle intensité dramatique dès le début et qui savent la nourrir jusqu'à la fin. Blue Valentine raconte l'histoire d'amour désenchantée d'un couple que le hasard a uni trop tôt et qui se retrouvent parents sans crier gare. Bâti sur des allers-retours dans le temps, entre leur jeunesse d'espoir et de folies et la réalité crue du travail et du quotidien, le long-métrage est un portrait extraordinaire de la mécanique du couple, une mise à nu de l'amour quand il dérape. Nominée pour l'Oscar de la meilleure actrice en 2011 grâce à ce rôle arrache-coeur d'une jeune femme désorientée, Michelle Williams déploie ici un immense talent. Ryan Gosling n'est pas en reste avec son rôle de jeune homme résigné à l'avenir bouché, incapable de constater que l'amour peut finir par se perdre sans qu'on comprenne pourquoi. À voir absolument — mais préparez votre coeur.


Towelhead (2007)

Avec Alan Ball à la barre, auquel on doit les scénarios d'American Beauty et de Six Feet Under, je m'attendais à un film absolument spectaculaire. J'ai déchanté assez vite, les premières scènes étant à l'image du reste. De Towelhead, qui raconte la vie d'une jeune Libanaise qui découvre sa sexualité dans une banlieue conservatrice du Texas, je ne connaissais rien mis à part la critique positive de Cousin, qui m'avait intriguée. En toute franchise, au contraire de mon frère, je n'ai pas aimé grand-chose du film: l'histoire est tout bonnement jetée au visage du cinéphile, qui souffre d'une absence de mise en contexte; les interprètes sont presque tous d'un robotisme désespérant et leurs dialogues frisent le pathétisme; les thèmes abordés vont dans tous les sens — immigration, sexualité, viol, maternité, politique — mais au final ne sont qu'effleurés; les décors semblent faits de carton et la direction photo laisse parfois à désirer. Seul point positif: rarement a-t-on vu portrait plus réaliste des affres de l'adolescence.

2 commentaires:

  1. Un été maigre en films, mais quand même quelques belles écoutes.
    Tu m'as donné envie de voir: Blue Valentine et The Help.
    À bientôt. xx

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  2. Blue Valentine: j'ai ADORÉ !!! Et pleuré dans l'avion.... :)

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